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Édition 7 - Juin 2004

Art et Artistes à Dak'Art 2004
De Iolanda Pensa

Archive:

Expositions

Amal El Kenawy & Abd El Ghany El Kenawy

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Michèle Magema

Cette année la Biennale de Dakar a continué son voyage de promotion de l'Art contemporain africain au travers des polémiques, fausses couches, retards, confusions, et doutes sur son avenir. Mais pour la première fois, le Comité International pour la Sélection et le Jury prit des mesures énergiques dont il fit part dans les discours officiels: "Ne parlons plus des problèmes d'organisation, parlons d'art."


L'exposition internationale

Même si Dakar ne poursuit pas une approche de curateur, l'exposition internationale de cette année faisait preuve de cohérence non-intentionnée. "Je vois tant de souffrances: les artistes semblent se concentrer sur la douleur et la solitude" - notait Marilyn Douala Bell, co-fondatrice du Centre Doual’Art au Cameroun.

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DakArt 2004

10 mai - 10 juin

Dakar, Sénégal

Organisateur:

Secrétariat Général de la Biennale de Dakar
19, avenue Albert Sarraut
B.P 3845 - CP 18524
Dakar - Sénégal
Email

Site Internet

Voir aussi:

DakArt
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Dakar, Sénégal

Dakar, Sénégal - Landkarte

Younès Rahmoun

Dans la vidéo Wahid de Younès Rahmoun (né en 1975, Maroc), deux mains semblent incapables de prier, méditer ou compter, pendant qu'une voix répète inlassablement "wahid" ce qui en Arabe veut dire aussi bien "un" que "Dieux".

Dans l'installation vidéo et la performance The Room, Amal El Kenawy und Abd El Ghany El Kenawy (nés en 1974 et 1965, Égypte) encapsulent la douleur dans un espace – froid comme un carrelage sanitaire – pour en observer l'intimité, la sensibilité et la force.

Maha Maamoon

Dans CairoScapes, l'artiste égyptienne Maha Maamoon (née en 1972 et lauréate du Prix Dak’Art de Photographie) transforme le chaos urbain en des paysages horizontaux à fleurs, calmes et solitaires.

Mohamadou Ndoye Douts

Train Train Médina de Mohamadou Ndoye Douts (né en 1973, Sénégal) recréé dans un film d'animation la vie chaotique d'un vieux quartier de Dakar qui croît pour se réduire en poussière.

Dans We are Afraid, Thando Mama (né en 1977, lauréat du Prix de la Communauté Belge) originaire d'Afrique du Sud, expose et cache le visage d'un homme sur une vidéo située au bout d'un tunnel obscur pendant que des voix confuses répètent "we are afraid".

Khaled Hafez

La projection vidéo Idler’s Logic de Khaled Hafez (né en 1963 et lauréat du Prix de Francophonie) fait penser à une mise en scène de collages, gadgets, citations, violence, couleurs et images.

Dans Oye Oye, la lauréate du Prix du Président, Michèle Magema (née en 1977, France/Congo) marche au-devant d'images historiques de l'époque de la dictature au Zaïre, lorsque Mobutu faisait la promotion du mythe de l'"Afrique Authentique".


Autres expositions officielles

Parmi les nombreuses manifestations officielles de Dak’Art, l'exposition centrée sur l'Afrique était la plus intéressante. Le commissaire, Yacouba Konaté a rassemblé dans la Galerie Nationale des oeuvres de trois sculpteurs de générations différentes: Christian Lattier (1925-1978, Côte-d'Ivoire), Joseph Francis Sumégné (né en 1951, Cameroun) et Tapfuma Gutsa (né en 1959, Zimbabwe). Avec une concentration sur la sculpture (négligée ces dernières années), une sélection de protagonistes clefs et une perspective historique, cette exposition présente une approche nouvelle, plus profonde et réfléchie, envers l'art africain.

Le Monde

Le Monde

Le commissaire Hans Ulrich Obrist représentait "Le Monde" dans l'espace fascinant mais importun de l'ancien Palais de Justice, un bâtiment abandonné pour raisons d'instabilité. Il a créé deux espaces insulaires dans un environnement de chaises, tables, vieux documents et poussière: un cinéma et une salle de télévision, les deux tapissés de coussins et de tapis colorés créés par l'artiste Rirkrit Tiravanija. Grâce à la mobilité de la technologie DVD, la présentation proposait des vidéos d'artistes populaires internationaux ayant pour thème la relation entre l'art et l'espace.


Le off

Cette année la Biennale de Dakar a parrainé 131 évènements "off", bien trop pour garantir une quelconque qualité. En voici les plus significatives:


3X3, la participation officielle des États-Unis à Dak’Art 2004

Hassan et Cheryl Finley, bien plus qu'un évènement parallèle, rivalise directement avec Dak’Art avec un calendrier rempli, un immense budget et un public renommé de collectionneurs, critiques d'art et commissaires internationaux. L'exposition était présentée comme la participation officielle des États-Unis à une biennale qui normalement n'envisage pas de participation nationale. 3X3 présentait trois oeuvres à site spécifique, généreusement financées et installées avec soin, des artistes respectifs David Hammons, Pamela Z. et Maria Magdalena Campos-Pons.

David Hammons

David Hammons a organisé une loterie gratuite sur le coin de la rue. Pour une semaine, tous les jours à 4 heures, des gentils animateurs félicitent le gagnant de deux moutons sur une scène jaune et rouge de "Maggi". L'intention était de donner quelque chose à ceux qui d'ordinaire, ne peuvent rien tirer de l'art; il était question de quitter la logique conventionnelle du monde de l'art, pour en finir – probablement sans même le réaliser – au sein de la logique habituelle du marché: peu de gagnants, beaucoup de perdants, le sponsor multinational Maggi - Nestlé et la dynamique humanitariste.

Pamela Z réalisa une performance dans le Théâtre Sorrano et installa sa pièce acoustique Just Dust dans la Maison des Esclaves sur l'Île de Gorée. Just Dust nous parle du premier voyage de cette artiste afro-américaine en Afrique, donnant la parole à des pensées insignifiantes par moyen d'un paysage sonore profondément évocateur. On peut y ressentir son émerveillement ingénieux ainsi que ce terrible désir de former les souvenirs dans l'impossibilité de posséder un endroit.

Maria Magdalena Campos-Pons

Le travail de Maria Magdalena Campos-Pons était plus qu'intéressant: son espace bien installé dans le nouveau CACAO art centre, un ancien bâtiment industriel entièrement rénové, était de beauté fulgurante. Et il fit bon d'entendre l'enthousiasme des étudiants de l'Académie des Arts qui avaient assisté l'artiste.


Gént

Gént

De l'association d'artistes Man-Keneen-Ki. Gént, qui signifie "rêve", est une exposition-installation dans une cour. Le parcours suit un chemin circulaire semé d'oeuvres d'art produites par des enfants de la rue: des photos noir et blanc et de couleur, des petites installations et des vidéos. Au bout du parcours, un enfant dort sur un lit dans un emplacement central fait de feuilles.

Man-Keneen-Ki utilise l'art et la mise en scène pour créer quelque chose de beau autour de la misère et de la douleur et pour encourager la créativité comme moyen d'expression. L'idée est fascinante mais même si Gént est un des évènements les plus intéressants du off de Dak'Art, il ne peut rivaliser avec Les Enfants de la Nuit, exposition subtile et élégante, présentée par la même organisation en 2000.


Voces del noroeste

José Ruiz

L'exposition des artistes en provenance des Îles Canaries, organisée par Orlando Britto Jinorio, était installée dans un appartement, où, entre autres, José Ruiz avait tapissé un mur de préservatifs en suspension libre, un pour chaque pays du monde.


Un séminaire sur les espaces créatifs autonomes du continent africain.

Organisé par le réseau international Artfactories ainsi que le centre d'art multimédia Kër Thiossane.


Conclusion

... Alors que le Comité International pour la Sélection et le Jury parlait d'art, de questions de genres, des intérêts déclarés des artistes pour la ville et l'équilibre mondial, l'importance de la promotion des technologies nouvelles, de la remarquable participation de l'Égypte... tout Dakar en était, comme déjà aux biennales précédentes, à discuter de l'organisation déplorable, du manque d'oeuvres d'art et de catalogues, des changements de programmes imprévus, des doutes quant aux éditions prochaines de Dak'Art, des critiques du processus de sélection...


Au fait:
Désirez vous participer à la prochaine Biennale de Dakar? Déposez votre candidature!
Afin de rentrer dans la sélection, il vous faut un passeport africain. Attendez la date officiell (www.dakart.org), envoyez votre candidature et devenez, vous aussi, un artiste contemporain africain. Vous avez déménagé? Vous pouvez encore figurer comme artiste de la Diaspora.

Iolanda Pensa est critique d'art et auteur indépendant à Milan, Italie. Elle publie entre autres dans Flash Art, Tema Celeste, Nigrizia, Africa, Gulliver, Africa e Mediterraneo.

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