Interrelations dans l’isolement |
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Les réverbérations de la situation précaire dans la région ont retenti au travers du monde arabe cette année passée, et en ont même parfois souillé l'air. Malgré ceci cependant, la scène naissante de l'art plastique contemporain en Égypte a poursuivi son développement pour s'établir au plan international. En 2003, trois premières sélections indépendantes pour la Biennale de Venise ont eu lieu au sein de la plateforme "Fault Lines", résultat de la vision du commissaire égyptien, Gilane Tawadros. À un niveau régional, le Townhouse gallery of contemporary art a organisé son second "projet atelier ouvert", au contexte duquel un groupe de 20 artistes régionaux et internationaux est pourvu d'espaces de travail en plein centre de la métropole affairée du Caire. |
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Les artistes régionaux étant toujours hantés par des problèmes représentationnels, les initiatives de ce genre sont devenues essentielles au développement d'un lien entre l'enjeu régional et ce qui façonne la scène internationale. Wasla workshop artistique contemporain fait partie du désir de s'éloigner des projets basés sur l'échange culturel, pour se concentrer en premier lieu sur l'interaction entre les artistes et les scènes artistiques. Wasla – le mot signifie 'ce qui relie' – était essentiellement concerné avec la création de liens entre la scène artistique égyptienne et d'autres, moins connues. |
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En collaboration avec le Triangle Arts Trust en Grande Bretagne et jouissant d'un soutient supplémentaire de la Fondation Ford, une équipe de quatre artistes – Mohamed Al Riffai, Iman Issa, Hassan Khan et Basim Magdy – sous la direction du commissaire Mai Abu ElDahab, se sont embarqués dans un procédé de sélection consciencieux. Plutôt que d'opérer un choix spécifique d'artistes ou de médias, ils invitèrent les artistes à déposer une candidature. Celà leur permit d'accéder à une proposition bien plus variée et mieux adaptée aux intérêts diversifiés du comité de sélection. Finalement, le choix définitif réussit à introduire des artistes régionaux à un nombre de noms internationaux, avec lesquels ils n'étaient pas familiers. Par ce, il a été possible de renforcer l'identité des artistes, dont le travail défie toute catégorisation simple par l'emploi et la combinaison de plusieurs médias. |
De manière pareillement subtile, l'artiste égyptienne Rehab El Sadek entraîna la communauté locale dans son discours de constructions de genres en transformant un réservoir d'eau rebuté en une incarnation de la politique de genres au sein des sociétés Bédouines adjacentes. Par contraste, la "maison dorée" d'Iman Issa fut presque un symbole de l’endroit où se tenait le workshop. La structure cubique couverte de peinture dorée scintillante, brillait dans le paysage blafard, blanchit par le soleil – déplacé, mais magnifiquement déplacé. L'artiste palestinienne Jumana Aboud attira la communauté locale au camp par sa collection de tissus, donnés par les femmes du village. Elle les fourra dans les lézardes des murs du camp, les entourant d'esquisses de peintures; les tissus devinrent l'interrelation tant désirée avec le monde extérieur. La relation fragile entre le monde extérieur et celui du workshop vibrait dans la plupart des oeuvres produites. Il s'agissait principalement de prendre le temps de discuter, en isolement quasiment total, la pratique de l'art – et cela est d'importance primordiale dans un pays comme l'Égypte, où une grande partie de la production artistique est créée dans un vide avec peu de critique et un manque complet de discours entourant le travail. Le monde extérieur était toujours à l'appel, avec des artistes qui ne voulaient, ou ne pouvaient pas s'en distancer, particulièrement puisque le workshop commença en même temps que l'attaque des forces de coalition sur l'Irak.
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